C'est le grand jour (ou nuit). Il est 11h du soir et après un rapide mais
copieux petit déjeuner, nous partons enfin à l'assaut du Kilmandjaro. Nous
nous mettons en file indienne dernière notre guide qui fait le pas. Nous
marchons lentement. La lune est pleine et donc la visibilité est bonne même
sans la frontale. La température fraîchit et l'eau commence à geler dans les
gourdes (il fera -20o à certains moments). Je suis situé juste derrière notre
guide et fixe son pantalon Orange/Vert pour m'éviter de penser que je commence
à avoir quelques vertiges. Apparement, je ne suis pas le seul dans ce cas.
Autour de moi, pas mal de gens s'arrêtent sur les cotés et s'écroulent à la
recherche d'oxygène. Après une série de lacets interminables dans du " sable
" plus que grossier nous atteignons vers 5500m une rampe mixte faite de gros
rochers et de caillasses qui nous mène à Gillman's Point (5685 m). Il faudra
encore presque 2h pour atteindre le véritable sommet Uhuru Peak (5892 m). Ce
seront les 200 mètres de montée les plus durs de ma vie.
Nous atteignons le sommet alors que les premiers rayons du soleil viennent
illuminer les glaciers qui nous entourent. C'est magique. Malgré le froid et
la douleur à chaque fois que je respire je suis aux anges. Cela fait tellement
longtemps que j'attends cela. Je ne me lasse pas d'admirer le paysage, qui
s'offre à nous et qui se découvre à nous au fur et à mesure que le soleil se
lève.
La redescente jusqu'au premier refuge situé à 4700m est rapide et se fait
comme dans un rêve. Le soleil maintenant levé nous révèle les détails que nous
n'avons pu percevoir lors de la montée (la vue sur le Mawensi, que nous
dominons est impressionnante). La deuxième partie de la descente en direction
du refuge de Horombo (3720 m) est par contre très longue d'autant que tout le
monde est claqué. Le soir, sous la tente mess, en repensant à cette folle
journée, nous buvons 3 petites bouteilles de champagne pris dans l'avion.